Certains textes réglementaires ne sont pas de ceux qui font la une, et pourtant, ils dessinent les contours de la liberté de circuler pour des milliers d’usagers. Les dérogations autorisant la conduite sans Brevet de Sécurité Routière (BSR) ni permis AM échappent souvent au radar, alors qu’elles s’appliquent à des profils bien précis : permis obtenus à une époque charnière, date de naissance antérieure à une année clé… Le détail n’est pas anecdotique. Les démarches, preuves à présenter et conditions à remplir forment un véritable balisage à ne pas négliger.
Le BSR et le permis AM : comprendre les bases pour mieux s’y retrouver
Il suffit d’observer le trafic pour voir défiler des scooters, mobylettes et petits quads conduits grâce au BSR ou au permis AM. Ces deux titres sont le point de départ pour grimper sur un cyclomoteur de 50 cm³ ou un quadricycle léger, ces engins souvent qualifiés de « sans-permis ». Jusqu’en 2012, le brevet de sécurité routière ouvrait la voie aux jeunes dès 14 ans. Depuis janvier 2013, la relève est assurée par le permis AM, qui intègre le BSR dans un format désormais standardisé.
La filiation entre BSR et permis AM reste limpide : même philosophie, mêmes objectifs, seul le cadre administratif évolue. Pour décrocher l’un ou l’autre, il faut suivre une formation pratique en auto-école, après avoir obtenu l’ASSR (attestation scolaire de sécurité routière) niveau 1 ou 2, ou l’ASR pour ceux qui n’ont pas fréquenté le système scolaire classique. Le code de la route n’intervient pas à ce stade, mais la transmission des bases de la sécurité routière reste au cœur du dispositif.
Voici les points clés qui structurent ce parcours :
- BSR : remis jusqu’en 2012, autorise la conduite de cyclomoteurs et quadricycles légers.
- Permis AM : depuis 2013, reprend la fonction du BSR dans le format du permis de conduire.
- ASSR/ASR : passage obligatoire pour entamer la formation pratique.
La formation pratique BSR implique plusieurs heures de conduite, supervisées par un professionnel. Une fois l’attestation en main, le jeune conducteur décroche la catégorie AM du permis, avec l’ensemble des droits associés. La distinction entre brevet et permis n’a pas d’incidence sur la route : seule la date d’obtention et la forme du document changent, mais l’exigence de sécurité demeure intacte.
Dispense du BSR : qui est concerné aujourd’hui en France ?
La dispense du BSR n’a rien de marginal. Elle s’adresse à des usagers bien identifiés, parfois sans même qu’ils en aient pleinement conscience. Premier cas : toute personne titulaire d’un permis de conduire délivré en France, toutes catégories confondues. Que ce soit un permis B, un permis A1 ou tout autre permis français, le BSR n’est plus requis. Le droit de conduire un cyclomoteur ou un quadricycle léger est alors automatique, le titre officiel servant de justificatif.
Autre profil bénéficiant de la dispense : les conducteurs nés avant le 1er janvier 1988. Cette date marque une rupture réglementaire. Si votre date de naissance est antérieure à ce seuil, vous pouvez circuler librement au guidon d’un cyclomoteur 50 cm³ ou d’un quadricycle léger sans vous soucier d’une quelconque formation. C’est la loi de l’ancienneté : le législateur considère que ces conducteurs ont grandi avec d’autres repères.
Un troisième cas complète le tableau : la dispense du BSR s’applique aussi à ceux qui détiennent un permis de conduire délivré par un État membre de l’Union européenne ou de l’espace économique européen. Un permis en règle, émis par l’administration d’un autre pays européen, ouvre les mêmes droits qu’un permis français. Les ressortissants européens installés en France profitent ainsi d’une équivalence directe.
Hors de ces catégories, pas de passe-droit. Tous les autres candidats doivent passer par la formation classique, obtenir l’attestation et se voir remettre le permis AM. La réglementation ne laisse aucune place à l’interprétation sur cette question.
Cas particuliers et situations fréquentes : tour d’horizon des profils dispensés
Dans le paysage complexe du brevet de sécurité routière, certains profils se démarquent, parfois à leur insu. Beaucoup pensent bénéficier d’une dispense alors que les textes n’en prévoient pas pour leur situation.
Par exemple, ceux qui ont obtenu une ASSR de premier ou de second niveau au collège. Cette attestation, délivrée après une session d’éducation à la sécurité routière, n’accorde pas de dispense directe. Elle est cependant indispensable pour s’inscrire à la formation pratique du BSR ou au permis AM. Les personnes titulaires d’une ASR, généralement les jeunes non-scolarisés, sont logées à la même enseigne : il s’agit d’un prérequis, pas d’un passeport pour la dispense.
Certains militaires ou jeunes ayant effectué leur service civique s’interrogent sur le rôle de la JDC (journée défense et citoyenneté). Même si cette démarche est exigée pour d’autres formalités administratives, elle n’ouvre aucun droit spécifique pour la conduite d’un cyclomoteur ou d’un quadricycle léger.
Un cas revient fréquemment : le conducteur qui a suivi une formation à l’étranger. Si le titre n’a pas été délivré par un État membre de l’Union européenne ou de l’espace économique européen, il ne permet pas de bénéficier d’une dispense en France. Une attestation obtenue hors de l’UE n’ouvre donc aucun droit particulier.
Certains pensent aussi qu’un simple justificatif d’auto-école ou une attestation de formation pratique suffit pour circuler. Or, la règle est stricte : seul un titre officiel délivré par l’administration française ou européenne permet de prendre la route. À défaut, le risque de contravention est bien réel, surtout si un contrôle routier survient.
Quelles démarches pour rouler aussi sans BSR ou permis AM ?
La réglementation est sans ambiguïté : il faut pouvoir justifier de son droit à conduire un cyclomoteur ou un quadricycle à moteur sans BSR ni permis AM, en présentant le document approprié. Un justificatif délivré par une auto-école ou une attestation de formation non achevée n’a aucune valeur en cas de contrôle.
Pour ceux qui relèvent d’une dispense, la preuve se fait naturellement. Un conducteur né avant le 1er janvier 1988 n’a aucune démarche à entreprendre : sa date de naissance, mentionnée sur la carte d’identité, suffit lors d’un éventuel contrôle routier.
Pour les titulaires d’un permis délivré par un État membre de l’Union européenne ou de l’espace économique européen, il s’agit de pouvoir présenter ce document aux forces de l’ordre. Attention, ni l’ASSR ni l’ASR ne suffisent à elles seules : ces attestations permettent d’accéder à la formation, mais ne valent pas titre de conduite.
Ne pas présenter le document adéquat expose à une sanction immédiate : une amende de 35 €, majorée à 150 € en cas de récidive. Autre point à ne pas négliger : l’assurance moto peut refuser toute prise en charge si le conducteur n’a pas le bon titre. En cas d’accident, les conséquences peuvent être considérables. La règle ne souffre aucune exception : sur la route, chaque justificatif compte.
Au final, la question de la dispense du BSR ne relève ni de l’oubli ni du folklore administratif. Elle trace une frontière nette entre ceux qui peuvent rouler sans formalité et les autres. À l’heure du contrôle routier, mieux vaut savoir exactement de quel côté on se trouve.


