La révolution ne prévient pas. En 2025, le marché des camions de 10 tonnes fait sa mue à vive allure, bousculant les habitudes des transporteurs comme les certitudes des constructeurs. Les modèles défilent, la compétition s’intensifie. Et dans le sillage des réglementations plus strictes, la diversité des offres n’a jamais été aussi frappante.
Entre innovations de rupture et impératifs de rentabilité, chaque marque tente de tirer son épingle du jeu. Certaines réussissent à allier grande autonomie, solidité éprouvée et budgets d’exploitation tenus, tandis que d’autres peinent à suivre le rythme imposé par les nouvelles règles du transport routier. Pour les gestionnaires de flotte, la fiabilité et la richesse des équipements ne sont plus des options : ce sont des filtres incontournables dans le choix d’un nouvel utilitaire électrique.
Pourquoi 2025 marque un tournant pour les camions électriques de 10 tonnes
Le camion électrique franchit un cap en 2025, poussé par des batteries toujours plus performantes et un cadre législatif qui resserre l’étau sur les émissions carbonées. En France, la tendance se confirme : 673 camions électriques de plus de 6 tonnes se sont retrouvés sur les routes en 2024, représentant 1,3 % du marché du neuf. Modeste, encore, mais la progression s’accélère.
Le leadership de Renault Trucks sur ce créneau ne laisse aucun doute. Avec 516 véhicules électriques immatriculés dans l’Hexagone cette année et 24,2 % de parts de marché en Europe sur la gamme lourde, le constructeur français joue la carte de la constance. 1 628 véhicules électriques livrés, dont 1 003 camions : la stratégie zéro émission s’affiche sans détour. Volvo Trucks n’est pas en reste à l’international, plus de 5 000 camions électriques livrés depuis 2019 dans 50 pays, même si le marché français ne compte que 100 unités sur la période.
Pour Mercedes-Benz (21 unités), Scania (10), DAF et Iveco (2 chacun), la percée reste timide en France. Mais une chose est sûre : batteries de capacité supérieure, nouvelles déclinaisons, exigences en matière d’autonomie et de fiabilité : la mutation est lancée. La course se joue désormais sur la flexibilité d’exploitation et l’endurance, trois marqueurs décisifs pour s’imposer sur le terrain des véhicules utilitaires électriques.
Quelles marques dominent le marché des camions électriques cette année ?
Le segment des camions de 10 tonnes électriques affiche des rapports de force de plus en plus nets. Renault Trucks reste la valeur sûre nationale, alignant 516 immatriculations en 2024 et une domination européenne sur le créneau lourd. Son offre, taillée pour la distribution urbaine ou régionale, séduit par sa cohérence et des coûts d’usage contenus.
Dans le sillage de Renault, Mercedes-Benz et Volvo Trucks se disputent l’attention du marché français. Mercedes avance ses 21 camions, misant sur la fiabilité de l’eActros et ses équipements embarqués. Volvo, fort de sa présence dans 50 pays et de ses 5 000 unités livrées à l’international, installe progressivement ses FM et FH Electric, appréciés pour leur polyvalence, avec 100 unités en France.
Voici les marques qui tirent leur épingle du jeu cette année :
- Scania se distingue avec dix véhicules, vantant une autonomie pouvant atteindre 600 km sur EM C1-2.
- DAF et Iveco, avec deux camions chacun en France, affichent une présence plus marquée à l’étranger, notamment grâce au S-WAY qui s’impose en Espagne.
Pour les acteurs venus d’ailleurs, le terrain français reste exigeant. Les clients fidèles aux enseignes historiques surveillent pourtant de près les ambitions de MAN et les avancées de Volvo et Mercedes. Pour dominer demain, il faudra miser sur l’innovation, la solidité et un service après-vente irréprochable : ce sont les véritables clés du transport routier électrique.
Comparatif détaillé des modèles phares : autonomie, puissance et innovations
En 2025, l’offre de camions électriques de 10 tonnes s’étoffe, chaque constructeur peaufinant sa recette technique. Le Renault Trucks D E-Tech 16 t frappe fort avec une autonomie de 560 km, une valeur qui place la barre haut dans sa catégorie. La version D Wide E-Tech s’établit à 315 km, les déclinaisons C et T E-Tech proposent 300 km, offrant une belle marge de manœuvre pour la distribution régionale. La gamme, du Freegônes au T E-Tech, s’accompagne d’une récupération d’énergie optimisée.
Chez Volvo Trucks, le FL Electric rivalise avec 560 km d’autonomie. Les FM, FH, FE et FMX Electric, autour de 300 km chacun, complètent la gamme. Mention spéciale au FH Aero Electric, pensé pour une meilleure pénétration dans l’air. La marque scandinave, avec 5 000 livraisons dans 50 pays, s’appuie sur une gestion thermique poussée et une chaîne cinématique solide.
Le trio phare de Mercedes-Benz : eActros 300 (300 km en porteur, 220 km en tracteur), eActros 400 (400 km) et l’eActros 600, attendu avec 500 km d’autonomie et 621 kWh de batteries. L’eEconic, pensé pour la ville, assure 150 km sur une charge. Côté performance, Scania repousse les limites avec 600 km d’autonomie sur l’EM C1-2. DAF, quant à lui, propose une gamme homogène : le XB Electric atteint 350 km, XD et XF Electric montent à 500 km.
Pour Iveco, la stratégie se concentre sur le S-eWay (400 km) et l’eDaily (270 km), la robustesse et la flexibilité restant des priorités. MAN, de son côté, impressionne avec les eTGS et eTGX, capables d’atteindre 700 km en porteur et 500 km en version tracteur. La concurrence s’intensifie sur les innovations : gestion intelligente de l’énergie, modularité des packs de batteries, transmission intégrée… Chaque constructeur affine sa signature technologique.
Bien choisir son camion électrique de 10 tonnes : critères essentiels et conseils pratiques
Choisir un camion électrique de 10 tonnes exige de peser l’équilibre entre contraintes d’exploitation et avancées technologiques. La capacité des batteries reste au centre : Renault Trucks D E-Tech 16 t assure 560 km, MAN eTGS tutoie 700 km, mais l’usage quotidien impose parfois d’autres priorités. Il s’agit d’ajuster le rayon d’action, de tenir compte des trajets (courte ou longue distance), et de vérifier la densité des bornes de recharge sur le parcours.
Quelques points concrets à examiner pour affiner sa sélection :
- Châssis cabine : il permet d’adapter la carrosserie, idéal pour les métiers du BTP ou la gestion des déchets.
- Boîte de vitesses/moteur : l’intégration prime, la douceur de conduite fait la différence chez Mercedes-Benz ou Volvo.
- Services associés : maintenance connectée, outils de télématique, gestion de flotte : Renault Trucks, MAN ou Volvo proposent des solutions pour optimiser l’exploitation.
L’offre évolue : Renault Trucks T, Mercedes-Benz Actros, Volvo FH, DAF XF 480, Iveco S-WAY s’imposent en neuf, tandis que Scania R, MAN TGX et Iveco Daily gagnent du terrain sur le marché de l’occasion. Pour la robustesse, DAF et Dina se distinguent, Dennis Eagle reste plébiscité pour la collecte urbaine, Durisotti s’illustre dans le levage. Vérifiez la disponibilité des pièces et le savoir-faire du constructeur sur votre secteur d’activité.
Le prix n’est pas qu’une affaire d’étiquette : c’est le coût total d’exploitation qui fait la différence. La montée en gamme des utilitaires électriques s’accompagne d’un marché de l’occasion structuré, surtout chez Renault Trucks et Volvo. Prenez en compte les aides à l’achat, la couverture des garanties, la capacité du fabricant à adapter l’outil à votre métier. Sur ce marché, la connaissance du terrain reste l’arme la plus redoutable.
Le paysage des camions de 10 tonnes change de visage. Les pionniers de l’électrique prennent de l’avance, les challengers affûtent leurs armes et, sur la route, les attentes n’ont jamais été aussi claires. Le prochain virage ? Il arrive vite. Reste à savoir qui tiendra la distance.